dimanche 23 septembre 2012

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إمرأة بألف رجل

Bouzbal (song 2012) - KILIMINI- Original [HD]

Si pour certains communicateurs, la publicité a pour objectif de faire rêver, pour d’autres, elle est avant tout à l’image de la société. Cette divergence de points de vue mérite d’être soulignée lorsque la publicité s’approprie un personnage tel que celui de «Bouzebal». En effet, voilà plusieurs semaines qu’un concessionnaire automobile a choisi d’associer sa marque à ce «visage» du Marocain à priori marginal, irrespectueux des autres, des règles de la société et de son environnement, créé sur le Net en août 2011. Affiches et insertions presse ont fait leur apparition tranchant ainsi avec ce que l’on a déjà vu jusqu’ici en la matière et faisait «jouer» les personnages de la série dans un dialogue d’argot mi-arabe, mi-français. Un concept que Mosaïk, l’agence conceptrice de cette publicité, s’était déjà appropriée en adoptant le darija comme langue de communication, il y a plusieurs années, mais pourquoi «Bouzebal» cette fois-ci ? Les Marocains «aiment» Bouzebal Au départ, l’idée de ce personnage est née sur le réseau social Facebook, à travers une fan page baptisée évidemment «Bouzebal» et dont l’objectif était, en quelque sorte, de poser un regard critique à l’extrême sur notre société. La fan page s’anime essentiellement du contenu partagé par les modérateurs et internautes : vidéos, images ou commentaires génèrent du trafic et amassent les adeptes... jusqu’à ce que la Toile marocaine s’approprie le visage de ce personnage pour en faire un véritable «Comics» à travers un concept participatif. Rapidement, le personnage devient un véritable phénomène virtuel et suscite même l’intérêt des médias classiques nationaux qui n’hésitent pas à y consacrer des colonnes voir des reportages dans leurs JT. Résultat, «Bouzebal», ce personnage réellement détestable dans la vraie vie est «liké» par près de 270.000 internautes sur Facebook (plus de 70.000 personnes en parlent) et suivi, sur Twitter, par plus de 1.100 personnes et ça ne s’arrête pas là. Deux mois après la création de la page sur le réseau social, Mohammed Nassib, jeune professionnel de l’audiovisuel, lance un premier épisode d'animation 2D avec comme personnage principal. Devinez qui ? «Bouzebal». Plus de 330.000 vues en quelques jours... Les internautes en redemandent. D’autres épisodes suivent alors, générant ainsi jusqu’à plus d'1 million de vues sur Youtube pour le septième épisode, publié en juillet dernier. Face à un tel succès, on ne s’étonne plus vraiment qu’une marque grand public tente de s’adosser au concept et à ce personnage aussi populaire, histoire, naturellement; de se rapprocher du grand public. D’autant que le «Bouzebal» des premiers jours, totalement coupé de son univers et adepte du «je m’en foutisme chronique» semble, d’un épisode à l’autre, s’intéresser à des sujets de société plus «sérieux», tout en les traitant «avec dérision et humour», comme tient à le préciser Mohammed Nassib. Les projets de «Bouzebal» Contacté par Les Échos quotidien, le réalisateur du Comics 100% marocain estime que le succès actuel de «Bouzebal» est dû «aux sujets qu’il traite et surtout à la manière avec laquelle il les aborde». Bien qu’il n’ait pas été sollicité directement pour cette campagne publicitaire, Nassib révèle que «plusieurs maisons de production ont proposé de produire la série d’animation», néanmoins, jusqu’ici rien de concret et pour cause, pour le réalisateur l’enjeu est avant tout de garder le concept intact : «Je suis prêt à signer avec un producteur, mais à condition que la série garde son audace dans la manière de traiter les sujets et événements qui touchent le quotidien des Marocains» explique-t-il. Par ailleurs, cela ne l’empêche pas de continuer à travailler sur son personnage, au plus grand bonheur de ces nombreux fans sur la Toile. «Actuellement, je travaille sur la nouvelle apparence de «Bouzebal» et sur les prochains épisodes», confie-t-il. Un travail que Mohammed Nassib compte bien poursuivre «aussi longtemps que le public marocain soutiendra l’idée et l’encouragera à travers les messages et commentaires qu’il partage et m’envoie». Pour Nassib, au-delà du personnage, c’est également l’occasion de développer de la création en matière d’animation au Maroc, car il faut le reconnaître, les dessins animés marocains se comptent pratiquement sur les doigts d’une main. Dans ce contexte, l’intérêt de la publicité et du secteur de la communication de manière générale pour un tel personnage et globalement pour ce type d’initiatives 100% marocaines, est clairement un plus pour le domaine. Finalement, «Bouzebal» n’est plus aussi marginalisé par rapport à la société qu’il ne voudrait le faire croire.


بنت حي شعبي

ظاهرة بوزبال على دوزيم

L’humour, d’un point de vue sociologique et moral, est toujours abject. Et si Bouzebal est devenu la mascotte de la trollitude à la marocaine, il n’est que l’épiphénomène d’une haine de classe qui, contrairement à ce qu’on peut croire, peut être aussi ascendante que descendante ; chaque classe sociale hait dans l’autre ce qu’elle n’est pas. Les facebookeurs se moquent ainsi des comportements du Bouzebal parce qu’il ose s’attribuer des privilèges qui leurs sont naturellement réservés : Parler français, nommer les marques, draguer… Comme auparavant les bourgeois se moquaient du vulgaire dans la musique, la littérature, le théâtre…. Mais Bouzebal n’est Bouzebal que parce qu’il n’a pas la conscience de classe, il n’est de ce fait ni le salarié, ni l’ouvrier, ni même le chômeur ; il est ce qu’il est parce qu’il veut ressembler aux autres. Ne possédant ni la position sociale ni les moyens matériels, il se contente de mimer les gestes du bourgeois d’une manière d’autant plus maladroite qu’elle finit par tourner en dérision. Le bourgeois, ou le facebookeur (Nous ne parlerons pas ici de l’internet comme outil démocratique, les blagues c’est pour après), se voit placer en haut de la chaîne alimentaire, ne lui reste plus que de taper sur son clavier pour dévorer sa proie. En plus de sa position de clown, les clowns les plus drôles étant bien évidemment ceux qui ne le savent pas, Bouzebal trahit même sa classe en concentrant tous les vices du prolétaire ; le bourgeois détient ainsi un argument prêt-à-porter afin de justifier sa position hiérarchiquement supérieure. Le Bouzebal est alors perçu comme un être frustré, un déchet, avec lequel les bourgeois les plus égalitaristes n’hésiteront pas à en faire un bûcher pour réchauffer leur révolution surgelée. Les positions ne s’inversent que lorsque Bouzebal passe au statut d’actif, et qu’il se rend très vite compte que son idole n’est qu’un branleur. On entend par actif violent, agresseur, hors la loi. On voit mal un facebookeur sortir ses trolls de merde lorsqu’il se fait racketter ou même violer (Pour les facebookeuses, histoire de fantasmer sur un monde meilleur). Puisque de toute façon, il n’y’a d’autre solution pour saboter l’organisation sociale que d’enfreindre les lois qui la légitime.

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